VRIGNE-AUX-BOIS – Friche Jardinier Massard – Renouer avec le territoire
Des étudiants architectes-urbanistes ont été sollicités par l’EPFGE pour un travail sur la friche métallurgique Jardinier Massard à Vrigne-aux-Bois. Leur projet de reconversion, conçu autour d’univers inspirés des matériaux qui constituent le territoire, le fer, le bois et l’eau, a été présenté en mai 2025 à la commune et à la communauté d’agglomération Ardenne Métropole. La trentaine de participants a accueilli favorablement les différentes propositions, témoignant d’un vif intérêt.
La friche Jardinier Massard est une friche de 4,5 hectares en plein cœur de Vrigne-aux-Bois. La commune de 3 600 habitants est traversée du nord au sud par la Vrigne et ses affluents, liée à la vallée de la Meuse, entre Charleville-Mézières et Sedan. Dans un premier temps, le site dit « Jardinier Massard » a accueilli une forge de seconde fusion puis des activités métallurgiques. L’arrêt partiel des activités, où plusieurs centaines d’ouvriers ont travaillé, date de 2013, après 130 ans d’activité. Le site s’est transformé en passant de main en main et a été racheté par Jardinier Massard en 1984, puis par Torbel en 2006.
Les bâtiments de production et le magasin
Implantée le long du cours d’eau pour profiter de sa force motrice, la friche est composée de bâtiments de production en sheds le long du quai de la Ferronnerie. Elle compte également des halles et entrepôts à l’architecture ordinaire aux grandes dimensions, envahis par la végétation, aux murs délabrés en brique, pierre et béton et aux toitures effondrées. L’entreprise Torbel se chargera de la démolition de la grande majorité de ces bâtiments, tout en préservant les murs en briques périphériques conformément à la demande de l’ABF. Seuls deux hangars au sud du site, aujourd’hui relativement étanches, seront conservés. La cessation d’activité est en cours d’instruction par la DREAL, l’opération s’inscrivant dans la prise en compte des modalités de mise en sécurité environnementale. La friche est également composée d’un bâtiment massif dit « le magasin » datant de 1956 constitué de grands plateaux et à volumétrie complexe. De bonne qualité architecturale, il est aujourd’hui la propriété de la commune. « Tête » du site, le bâtiment est situé rue Etienne Dolet en lien direct avec le reste du centre-bourg.
Étude sur la nouvelle vocation à donner à la friche
La commune de Vrigne-aux-Bois et la communauté d’agglomération Ardenne Métropole considèrent que cette friche revêt une importance particulière du fait de sa superficie, de son inscription au cœur du tissu urbain et de ses potentialités foncières. Pour étudier la nouvelle vocation ou destination à donner à ce site au regard de ses contraintes et pour estimer les conditions de changement d’usage en lien avec la démarche « Petite Ville de Demain », une convention d’étude pré-opérationnelle a été signée entre la commune de Vrigne-aux-Bois, Ardenne Métropole et l’EPFGE. Ce dernier, maître d’ouvrage de l‘étude, en a financé 80%, la commune et la communauté d’agglomération se partageant à égalité les 20% restants.

Maquette zénithale d’une partie du centre-bourg de Vrigne-aux-Bois avec des maisons (en blanc) et la friche Jardinier Massard (en beige) qui occupe environ 8% de la surface urbanisée de la commune.

Maquette finale du projet de reconversion de la friche Jardinier Massard conçu autour d’univers inspirés des matériaux qui constituent le territoire, le fer, le bois et l’eau « Ces prospectives peuvent exister seules ou coexister, découpées, assemblées, selon les besoins et envies de la commune »
De septembre 2024 à février 2025, à la demande de l’EPFGE, trois étudiants, Mathieu Burger, Amélia Guillemenot et Maëva Raoult, de l’École d’architecture de la ville et des territoires de Paris-Est, ont réfléchi au devenir de la friche Jardinier Massard dans le cadre de l’atelier de projet urbain et territorial du Diplôme de Spécialisation et d’Approfondissement (DSA) d’architecte-urbaniste.
Ils nous décrivent les trois « imaginaires » qu’ils ont proposés.
« Valoriser la mémoire de l’industrie
La prospective du fer pense le site comme une pièce de l’espace public de la commune. Les pollutions sont excavées et traitées aux endroits nécessaires permettant d’accueillir un public sensible, tout en cherchant à̀ conserver un maximum de dalles et murs existants.
Interroger la mémoire collective et constructive liée au fer et à l’industrie métallurgique pourrait nous amener à appréhender la friche Jardinier Massard comme le commun des Vrignois. La conservation précise et maximisée des éléments permettrait de valoriser ce patrimoine industriel de l’ordinaire participant ainsi à la transmission d’une mémoire et d’une identité commune. Celui-ci deviendrait alors un parc post-industriel, un grand espace jouable où l’on se retrouverait, mais aussi une escale dans le périple des touristes et cyclotouristes de la véloroute des Ardennes. Son caractère rassembleur et mémoriel, favoriserait les rencontres, à travers des espaces associatifs, mais aussi des logements multigénérationnels.
Construire une culture du changement climatique
L’imaginaire du bois convoque la vocation économique du site. Des procédés comme le « bioventing », permettent de conserver les sols et la topographie existante. La friche végétale continue ainsi de grappiller du terrain à la ville en s’étendant vers le nord du site en proposant de nouveaux types de milieux forestiers.
Expérimenter la renaturation en encourageant « l’enforestation » transformerait la friche Jardinier Massard en un lieu de la transition écologique. Cette dynamique se poursuivrait en interrogeant le devenir des forêts ardennaises dans un contexte de changement climatique. Les arbres investiraient le site, ainsi, la forêt gagnerait du terrain pour lier intimement le grand territoire et le centre-bourg. Fruit d’un passé industriel, ce site conserverait sa fonction productive en accompagnant le développement et la structuration de la filière du bois à la fois dans le déploiement de cette économie circulaire mais aussi en accueillant des formations sur les métiers du bois.
Habiter le parc de la Vrigne
Dans la prospective autour de l’eau, la pollution excavée et encapsulée sur site dessine une nouvelle topographie. Les « creux » laissés donnent à voir l’empreinte de la pollution et offrent de nouveaux sols perméables pour accueillir les crues mais aussi de nouveaux écosystèmes.
Interroger les relations entre Vrigne-aux-Bois et l’eau conduirait à redessiner le quai de la Ferronnerie en le faisant reculer sur les pourtours du site. Ainsi, une berge aménagée se déploierait et donnerait une épaisseur nouvelle à la Vigne, à sa ripisylve et à sa biodiversité. De plus, la figure du lavoir pourrait être reconsidérée comme le ruisseau qui arpenterait le site et alimenterait une zone humide. Interroger le futur de la friche sous le prisme de l’eau, dans toutes ses formes, pourrait conduire à repenser les liens entre les usagers et les différents milieux : humides, prairies, forêts alluviales ».
lien vers le cahier : https://www.calameo.com/read/003968688f136114612a1






















